9 façons de combattre l’antisémitisme

 

Yehuda Bauer, un historien Israélien spécialisé sur l’holocauste, a suggéré que durant ces dernières années les juifs ont ajouté trois commandements aux dix de base: tu ne seras pas une victime, tu ne seras pas auteur, tu ne seras pas spectateur. (1) Bien sûr, rien ne peut égaler les paroles que Dieu avait prononcées devant Moïse, mais le point que Bauer relevait, ne devait pas être perdu. Face à la montée de l'antisémitisme dans le monde, voici neuf façons de lutter contre l'antisémitisme.

1. Restez informé sur l'actualité

Trouvez un moyen de garder un oeil sur l’actualité de la communauté juive mondiale: téléchargez des applications, abonnez-vous aux e-mails ou des bulletins d'information, suivez vos synagogues locales sur Facebook et Twitter, et abonnez-vous pour recevoir des nouvelles à partir de sources d'informations juives comme le Times d'Israël ou The Jerusalem Post. Selon les mots du Talmud, «Kol Yisrael arevim zeh bazeh» ou «Tout Israël est responsable l’un pour l’autre». Choisissez de montrer votre engagement auprès de cette cause en restant informé ! Vous risquez de passer à côté d’informations importantes concernant la communauté juive, si vous ne gardez pas un œil sur l’actualité. 

2. Inclure les non-juifs dans une conversation

Si vous êtes informé de la montée de l'antisémitisme dans le monde, vous serez bien équipé et prêt à discuter de l'actualité avec vos amis et collègues non-juifs. Vous êtes probablement leur meilleure (et peut-être la seule) source d’information présente au sein de la communauté juive.  

En avril 2019, le réseau de radiodiffusion américain NPR All Things Considered a présenté, au moyen d’une interview, une femme nommée Marnie Fienberg qui a lancé un programme appelé « Two for Seder», qui encourage le peuple juif à inviter deux non-juifs à chaque seder de Pesah dans le cadre de la lutte contre l'antisémitisme. De cette façon, Fienberg espérait créer des alliés pour la communauté juive en informant et en établissant des relations avec les personnes extérieures. (2)

 Pesah est une excellente période durant laquelle commencer, tout comme les huit nuits de Hanoukka ou encore, des dîners de Shabbat et d'innombrables opportunités pendant l’année—afin que les personnes non-juives découvrent le judaïsme. Souvent, c'est un simple manque de compréhension qui fait toute la différence entre un ami et un ennemi. 

3. Engagez-vous dans des manifestations et des actes de solidarité

En juin 2019, une étude a été publiée indiquant que le nombre d'actes de violence de nature antisémites avait augmenté de plus de 70% en Allemagne pour l’année 2018 (3). Felix Klein, le premier commissaire antisémite allemand, a déclaré aux médias allemands: «Je ne peux pas recommander aux Juifs de porter la kippa quand et où ils le veulent en Allemagne, et je dis cela avec regret. » (4)

La réponse ? Un appel à tous les Allemands à porter leur kippots par solidarité. Un tabloïd allemand a tellement pris la protestation à coeur, qu'ils ont publié un lien vers une Kippa téléchargeable, imprimable, afin que les lecteurs puissent la découper et la porter. (5)

Il y a de nombreuses opportunités de participer à des manifestations populaires comme celle-ci. Un certain nombre de publications grand public, tels que USA Today, The Miami Herald et The Jerusalem Post, ont poussé les lecteurs à prendre sur #ShowUpForShabbat par la campagne de AJC après la fusillade dans la synagogue de Pittsburgh en 2018 et #ShareShabbat, parrainé par Chabad.org après la fusillade Poway en avril. Ce sont des moments importants pour participer, à la fois sur les réseaux sociaux et en personne, afin de rester solidaire face aux tragédies ou à la haine.

4. S’exprimer contre les actes d'antisémitisme de tous les jours

Les petits moments d'antisémitisme dans notre vie de tous les jours sont banalisés, s’ils ne sont jamais contestés. Vous pourriez être le seul témoin d'un acte antisémite apparemment anodin - prenez donc cette responsabilité à coeur. En décembre 2018, l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne a publié une enquête sur la discrimination et les crimes de haine envers les Juifs dans l'UE. Ils ont découvert que le harcèlement antisémite est maintenant tellement courant en Europe qu'il semble chose normale, même pour le peuple juif. (6)

Plutôt que de laisser ces moments passer inaperçus, parlons-en. Il est important de contester les commentaires, blagues ou actes antisémites. L'agresseur peut simplement agir par ignorance, mais, ne rien dire - ou rire - implique que vous êtes d'accord. Si vous ne vous sentez pas à l'aise dans ce genre de confrontation, essayez simplement de poser une question comme: “Je n'ai pas bien compris votre commentaire, pourriez-vous m'expliquer ?

Envisagez d'ajouter votre expérience au nombre écrasant de tweets en utilisant le hashtag #FirstAntiSemiticExperience ou postez la sur dailyantisemitism.com. (7) Quelque chose d'aussi simple qu'un message bien formulé  sur les médias sociaux à propos de votre expérience peut avoir un impact durable sur l'éducation des autres . Pour le meilleur ou pour le pire, c'est là que la majorité des gens suivent les informations aujourd'hui et ils offrent un accès sans précédent auprès de personnalités influentes et d’organisations puissantes. À l'ère des médias sociaux, la prise de parole peut se faire avec seulement 280 caractères.

5. Signalez-le

L'étude  FRA de 2018 a révélé que les crimes antisémites sont rarement signalés, ce qui rend les vraies statistiques impossibles à établir. Si vous êtes témoin d'un tel acte, la première chose à faire après avoir assuré votre sécurité et celle des autres, est de le signaler aux autorités chargées d’appliquer la loi. Pensez ensuite à informer la Ligue d'Anti-Defamation, qui surveille, suit et réagit à l'antisémitisme en Amérique, (8) et si l'incident s'est produit sur un campus universitaire, contactez  l'AMCHA. (9)

Assurez-vous que votre communauté est consciente de la menace. Écrivez une lettre au rédacteur en chef de votre journal local, parlez à vos dirigeants politiques locaux et informez la synagogue locale et les dirigeants de la communauté juive, qui peuvent prendre des précautions adaptées en fonction d'une menace récente. Il est également bon d'informer d'autres dirigeants locaux tels que les pasteurs, les prêtres ou les directeurs d'école, qui jouent un rôle clé dans l'éducation de la communauté. Après tout, les gens ne peuvent pas parler de quelque chose qu’ils ne connaissent pas.

6. Vérifiez vos propres préjugés

Un véritable plaidoyer commence par le désir d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. Dans le cadre de notre processus de lutte contre l’antisémitisme, il est important de regarder à l’intérieur et d’examiner si nous avons des préjugés envers des communautés ou des cultures spécifiques.

Les textes juifs sont pleins d'avertissements visant à regarder en nous-mêmes avant d'essayer de fixer le monde autour de nous, que ce qui est dans notre cœur est plus important que nos actions. Yeshua a enseigné à ses disciples: "Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? 4 Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ? 5 Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. "(Matthieu 7: 3, 5).

Lorsque nous évaluerons honnêtement nos propres préjugés et y remédierons, nous serons mieux placés pour affronter et combattre ceux qui nous ciblent en tant que peuple juif.

7. Souvenez-vous du passé

Si nous voulons bâtir un avenir meilleur, nous devons nous souvenir du passé. Nous pouvons nous en souvenir de plusieurs manières, en l’intégrant à nos calendriers, comme la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste; ou dans nos villes, avec des statues et des mémoriaux. Certains trouvent de nouvelles façons créatives de se souvenir de notre passé; en 2010, un employé israélien de Google nommé Adi Altschuler a lancé Zikaron BaSalon, qui se traduit littéralement par «Mémoire dans le salon». Ces petits groupes invitent les survivants de l'Holocauste à témoigner de leurs histoires dans des environnements intimes dans des maisons du monde entier. Rien qu'en 2018, plus de 750 000 personnes y ont participé, dont Josué Turnil, directeur de Juifs pour Jésus France, qui dirige la section Parisienne de Zikaron BaSalon. Découvrez comment organiser votre propre événement sur zikaronbasalon.org.

De Haman au Hamas, notre peuple a été témoin de la fidélité et de la protection de Dieu à plusieurs reprises, et nous devons transmettre cet héritage à chaque génération. Notre survie contre toute attente est même considérée par certains comme l’une des preuves les plus convaincantes de l’existence de Dieu.

8. Parlez-en à Dieu

Lorsque les Écritures nous ordonnent de prier pour la paix de Jérusalem (Psaume 122: 6), «Jérusalem» représente poétiquement non seulement les limites d'une ville, mais plus globalement tout le peuple juif du monde entier. Tout comme le Talmud nous charge d’être responsables les uns pour les autres, il est important de prier fréquemment pour le bien-être et la protection de notre peuple.

À la suite de la tragédie,  Kaddish de Deuil nous indique que Dieu est le gardien de notre peuple. Même dans les moments les plus sombres, notre peuple dit ensemble: «Qu'il y ait une paix abondante du ciel et une vie pour nous et pour tout Israël. Que celui qui crée la paix dans ses cieux les plus hauts crée la paix pour nous et pour tout Israël, et dis Amen. » (10)

9. Poursuivre la guérison et la réconciliation

Il y a deux réactions naturelles et compréhensibles à la haine que le peuple juif a endurée pendant des siècles: Laisser la douleur nous détruire ou surmonter la rancoeur que nous avons envers les autres. Mais ni l'un ni l'autre n'apporte une guérison durable. Nous devons nous opposer à l’antisémitisme sous toutes ses formes, mais en même temps montrer le pardon de Dieu et ainsi pousser les autres et nous même à des actes quotidiens de repentance afin d’arriver à une réconciliation.

Yeshua a enseigné à ses disciples à «pardonner à ceux qui pèchent contre nous», tout comme nous demandons à Dieu de nous pardonner pour nos propres péchés (Matthieu 6:12). Mais il n'a pas seulement enseigné à aimer ses ennemis, il a enduré une mort brutale pour offrir la réconciliation avec Dieu à toute l'humanité, même à ceux qui s'opposaient à lui.

Dieu a vu toute injustice. Un jour, il faudra lui rendre des comptes. Cependant il y a de l'espoir pour la guérison et le pardon trouvés ici et maintenant,  à travers l'œuvre transformatrice de Dieu opérée dans nos cœurs afin de nous réconcilier avec Lui.

Index 

1. “Yehuda Bauer on the Holocaust,” Jewish Virtual Library, accessed July 14, 2019, https://www.jewishvirtuallibrary.org/yehuda-bauer-on-the-holocaust-2.

2. “As Part Of Her Fight Against Anti-Semitism, One Woman Is Inviting Non-Jews To Seder,” All Things Considered, NPR April 19, 2019, https://www.npr.org/2019/04/19/715266709/as-part-of-her-fight-against-anti-semitism-one-woman-is-inviting-non-jews-to-seder.

3. “Number of antisemitic acts of violence rose by more than 70% in Germany last year, report reveals,” The Coordination Forum for Countering Antisemitism, June 26, 2019, https://antisemitism.org.il/149182/.

4. Kate Connolly, “All Germans urged to wear kippah in protest against antisemitism,” The Guardian, May 31, 2019, https://www.theguardian.com/world/2019/may/31/germans-urged-wear-kippah-protest-antisemitism.

5. Ibid.

6. “Experiences and perceptions of antisemitism – Second survey on discrimination and hate crime against Jews in the EU,” European Union Agency for Fundamental Rights, December 2018, https://fra.europa.eu/en/publication/2018/2nd-survey-discrimination-hate-crime-against-jews.

7. http://everydayantisemitism.com/join/.

8. https://www.adl.org/reportincident/.

9. https://amchainitiative.org/report-a-concern/.

10. Rabbi Barry A. Budoff, “Mourner’s Kaddish,” in A Messianic Jewish Siddur for Shabbat, ed. Rabbi Kirk Gliebe (Skokie: Devar Emet Messianic Publications, 2011), 103.

Arielle RANDLE, Responsable Communication, Arielle a grandi dans une maison juive messianique. Originaire de New York, elle a étudié le théâtre et a exercé dans ce domaine avant de travailler comme missionnaire pour Juifs pour Jésus, avec son mari, David, depuis 2012. Après avoir servi comme missionnaire dans la branche de Chicago pendant cinq ans, Arielle a déménagé à San Francisco pour se préparer au rôle de responsable des communications, qu’elle a débuté en 2018. Son mari David est responsable de la branche San Francisco. Ils ont également une fille nommée Yael.

 
Vladimir Lech