Geneviève raconte

 
Geneviève

Un rabbin récitant le kaddish en larmes, un évêque à ses côtés en pleurs également.

Au-dessus d'eux, un panneau : « Jésus Juif, qu'est-ce que cela change pour nous ? »

Un moine danse avec un rabbin ; un curé, kippa sur la tête, lance de joyeux « Chabbat Chalom !! » et raconte que le 8e jour de la fête de Souccot, les Juifs dansent avec les rouleaux de la Torah dans les bras ; merveilleuse tradition qu’il aurait bien introduite dans l’Église catholique.

Je me retrouve ce week-end de juillet à Nantes, au milieu d’une fête qui réunit Chrétiens et Juifs dans une unité et une joie profondes, comme un avant-goût de ce que pourrait bien être le Festin des Noces là-haut. Cette fête est le fruit de 10 ans de relations tissées avec patience par une poignée de Catholiques soucieux de s’ouvrir au monde juif, tendre des bras fraternels, chercher la volonté du Père et se soumettre à son Amour avec humilité et reconnaissance.

J’interviewe un couple de Juifs sur la raison de leur présence au cœur des amitiés judéo-chrétiennes. Le monsieur d’un certain âge me répond : « J’ai beaucoup souffert de l’antisémitisme, mes filles aussi, à l’école elles étaient mises en quarantaines du fait de leur judéité. Ici, je suis reconnu pour ce que je suis, un Juif. Je retrouve mon identité profonde. Cet amour des Chrétiens est un baume infiniment réconfortant pour moi. »

Un vieux prêtre de 98 ans lance avec véhémence : « La Shoah, c’est une bombe atomique dans l’ordre spirituel ! » Puis : « Ce qui m’inquiète aujourd’hui, ce n’est pas tant le retour de l’antisémitisme que la tiédeur des Chrétiens vis-à-vis du peuple juif. »

« Jésus Juif, qu'est-ce que cela change pour nous ? » Oui, qu’est-ce que cela change pour nous ?

 
temoignageJosué Turnil